Dans le cadre des relations commerciales, les entreprises de propreté se retrouvent face à plusieurs types de clients potentiels.

Qu'ils soient chefs d'entreprises, qu'ils s'appellent "acheteurs" ou "donneurs d'ordres", qu'ils représentent des entreprises privées (petites, moyennes ou grandes) ou des structures publiques, ces interlocuteurs ont leurs codes et leurs façons d'acheter. Et pour les aborder en toute sérénité, mieux vaut connaître leur univers et leur façon d'acheter. Décryptage.

Des qualités différentes

Consommateurs, professionnels, non-professionnels : comment s’y retrouver ?
Si les règles issues du Code de la consommation, plus protectrices, sont, en principe, applicables uniquement aux consommateurs, certaines règles protectrices sont étendues aux non-professionnels.
Afin de vous aider à mieux comprendre certaines de vos obligations, faisons le point sur ces notions :

À NOTER

Il a été à plusieurs reprises affirmé qu’une société commerciale doit toujours être considérée comme un professionnel dans la mesure où elle n’agit jamais en dehors de son activité professionnelle (Cass. com. 6 nov. 2011, n° 10-21.583 ; Cass. com. 3 déc. 2013, n° 12-26.416)

Le consommateur

Le consommateur est défini comme « toute personne physique qui agit à des fins qui n'entrent pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole » (Article liminaire Code de la consommation). 
Le consommateur est donc obligatoirement une personne physique et ne peut être une personne morale. 

Ont été considérés comme des consommateurs : 

  • l'avocat, qui conclut un contrat de crédit avec une banque sans que ce contrat soit lié avec l’activité professionnelle de l’avocat (CJUE 3 sept. 2015, aff. 110/14),
  • le médecin qui réserve une chambre d'hôtel pour participer à un congrès médical, dès lors qu'en souscrivant le contrat d'hébergement, il n'agissait pas à des fins entrant dans le cadre de son activité professionnelle (Cass. 1e civ. 31 aout 2022, n° 21-11.097).

Le professionnel

Le professionnel est défini comme « toute personne physique ou morale, publique ou privée, qui agit, y compris par l'intermédiaire d'une autre personne agissant en son nom ou pour son compte, à des fins entrant dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole » (Article liminaire Code de la consommation).

Pour déterminer si le contractant a agi ou non dans le cadre de son activité professionnelle, les tribunaux se basent sur un faisceau d'indices

  • finalité de l'opération,
  • recherche de bénéfice ou accroissement du potentiel commercial permis par le contrat, 
  • importance de l'inégalité entre les cocontractants.

Ont été considérés comme des professionnels : 

  • un demandeur d'emploi qui conclut un contrat de formation professionnelle en partie financée par Pôle emploi, en raison de la finalité professionnelle de ce contrat (Cass. 1e civ. 9 mars 2022, n° 21-10.487),
  • une personne publiant sur internet simultanément plusieurs annonces de vente de biens (CJUE 4 oct.2018, aff. 105/17).

Attention : ne sont jamais considérées comme des professionnels les personnes publiques assurant des services publics administratifs (ministère, maintien de l'ordre public, etc.).

Le non-professionnel

Le non-professionnel est défini comme « toute personne morale qui n'agit pas à des fins professionnelles » (Article liminaire Code de la consommation).
Sont donc visées uniquement les personnes morales, telles que, par exemple, les syndicats de copropriétaires ou les associations régies par la loi de 1901.

Ont été considérés comme des non-professionnels : 

  • un syndicat de copropriétaires souscrivant un contrat auprès d'un prestataire de service, même s'il a été représenté par un syndic professionnel, lui-même également intervenu au contrat en son autre qualité de copropriétaire majoritaire, et donc de partie (Cass. 3e civ. 12 juill. 2018, n° 17-21.564),
  • un comité d'entreprise lorsqu'il contracte avec un prestataire dans le cadre de sa mission légale de gestion des activités culturelles de l'entreprise (Cass. 1e civ. 5 juill.2017, n° 16-20.748).

À RETENIR
Les notions de consommateur, de professionnel et de non-professionnel sont des notions fonctionnelles. La qualification de professionnel, de consommateur ou de non-professionnel doit donc être déterminée au cas par cas, en fonction du contrat en question :  pensez toujours à analyser le rôle des cocontractants vis-à-vis du contrat signé.
 

Par exemple, la représentation d'un syndicat de copropriétaires d’un immeuble d’habitation par un syndic de copropriété professionnel qui intervient en vertu d'un contrat de mandat, ne fait pas perdre au syndicat la qualité de non-professionnel (Cass. 1e civ. 25 nov. 2015, n° 14-20.760 ; Cass. 1e civ. 25 nov. 2015, 14-21.873 ; Cass. 1e civ. 1 mars 2017, n° 16-14.157).

Des situations différentes

>> Pour les petits chantiers privés, les achats sont souvent gérés par le chef d’entreprise ou le service administratif

 

Ces acheteurs privilégient en général le réseau, la réputation de l’entreprise, la qualité du service, la réactivité, même s’ils sont également attachés aux questions de prix. Ils sont en relation directe avec le terrain et les interlocuteurs décisionnaires pour l’entreprise de propreté. Ils veulent pouvoir compter sur leur prestataire et être en contact direct avec le chef d’entreprise en cas de besoin. Ceux qui ont pu à un moment faire appel au moins-disant reviennent souvent vers des entreprises proposant une meilleure qualité de service. Il s’agit donc de les convaincre avec un argumentaire réaliste sur les prestations et services proposés, et de bien expliquer que les tarifs les plus bas correspondent souvent à une qualité de services négligée. Voir notre formation « Améliorer les performances commerciales »

 

>> Pour les chantiers de taille importante, la place des services généraux est en pleine évolution

 

Les services généraux sont de plus en plus souvent rattachés aux instances stratégiques de décision par le biais des acheteurs centraux. Garants du bon fonctionnement quotidien de l’entreprise, partie prenante du bien-être des salariés, de l’efficience économique, ils ont des responsabilités croissantes. Paradoxalement, dans certaines grandes entreprises, le recours au facilities management qui peut s’opérer en parallèle, signifie souvent l’externalisation d’une partie importante des services généraux et donc une perte de contrôle sur un poste qui semble pourtant stratégique. Une telle évolution a nécessairement des impacts forts sur les relations entre donneurs d’ordres et prestataires.

>> Pour les marchés publics ou privés « multi-sites », l’achat de prestation de propreté (et son suivi) entre le central et le local n’est pas uniforme

 

La méthode suivie est en général la même que pour les chantiers importants : après l’élaboration du cahier des charges, le choix du prestataire se passe au niveau central. C’est alors souvent un prestataire unique qui est choisi. Les objectifs de ce fonctionnement sont l’harmonisation des pratiques, le reporting et benchmarking, la limitation du nombre de contrats et un lieu unique de décision. Mais même avec des achats groupés, les pilotages restent très différents d’une entreprise à l’autre, en fonction de leur degré de centralisation.  Pour aborder les marchés à appel d’offre, une seule règle : la rigueur !

 


>> Il existe d’autres fonctionnement : un niveau central qui donne des orientations et laisse des plateformes régionales ou interrégionales choisir les prestataires de manière encadrée

 

La méthode s’appuie sur des règles communes plus ou moins strictes (ex : nombre minimum de concurrents, pré-référencements, cahiers des charges « type », matrices de dépouillement, normes de pilotage et contrôle, etc.), des services généraux interface entre le central et les prestataires et assurant un premier niveau de remontée d’informations. Les objectifs sont multiples : limitation du chiffre d’affaires et du périmètre géographique des appels d’offres permettant aux PME de se positionner, compromis entre besoins du terrain et autonomie des services achats centraux. Les sites sont de plus en plus « audités » par leurs directions centrales. Certaines entreprises délèguent à des cabinets spécialisés la rédaction du cahier des charges, le choix du prestataire, voire les contrôles. Ceci complique la tâche du commercial de l’entreprise prestataire dont les interlocuteurs sont multiples, ne sont pas toujours les décideurs et sont souvent loin du terrain.

 

PROPOSER DE NOUVELLES OFFRES DE SERVICES

Les services associés plafonnent à moins de 10% du chiffre d’affaires total des entreprises de propreté. En effet, les entreprises ont tendance à rester sur leur cœur de métier, ou à créer d’autres sociétés indépendantes à côté. Si certains services sont rendus, ils sont rarement mis en avant au moment de la vente de la prestation. Un service associé n’est jamais une porte d’entrée pour ensuite proposer une prestation de propreté chez un nouveau client, tandis que l’inverse est plus fréquent. Par ailleurs, les compétences et savoir-faire pour ces prestations peuvent être difficiles à acquérir ou gérer en interne, et les clients ne sont pas tous en demande de services associés. La plupart des entreprises ont mené des expérimentations au cours des années et ont finalement opté pour une vision pragmatique de développement des services associés. 

 

En revanche, la plupart des grandes entreprises ont développé une offre de multiservice. Les «grands» clients qui sont dans une logique de rationalisation des achats demandent aujourd’hui aux entreprises de propreté de développer une gamme plus large de services afin de limiter le nombre de prestataires et de développer des synergies. Certains ont même recours au Facility Management et délèguent ainsi le pilotage d’un large périmètre de services auprès d’un prestataire spécialisé, interlocuteur et responsable unique du donneur d’ordres. 

 

La gestion des déchets, une nouvelle prestation

Le tri, la collecte voire le recyclage des papiers représentent des opportunités commerciales réelles. Les clients sont en demande de solutions pour gérer cette problématique et jugent les entreprises de propreté légitimes pour agir sur ce champ. Cela demande néanmoins une professionnalisation de l’entreprise : organisation du tri, choix des fournisseurs, collecte et acheminement vers les lieux de retraitement, certificats permettant un reporting précis des déchets papiers traités, etc... Plus généralement, tous les services tournés vers la qualité de l’environnement de travail, l’hygiène, la salubrité, la santé publique sont envisagés comme des activités d’avenir sur lesquelles les entreprises de Propreté auraient la légitimité pour se positionner.